L'esprit des savoir-faire est toujours vivace
Le Symposium «Mémoires andalouses» organisé à la Cité des sciences par l’Ordre des architectes de Tunisie du 25 au 27 juin dernier, (voir notre article publié le 3/07/09), a abordé parmi ses problématiques celle de la réhabilitation des quartiers anciens de Testour. Telle que présentée par les architectes du patrimoine, l’architecture de la ville andalouse semble aujourd’hui subir diverses agressions.
La nouvelle municipalité, elle-même, a été construite dans le style Dar Chaâbane (stuc ajouré). Probablement, une fausse note. Une opportunité manquée pour un bâtiment qui aurait pu réconcilier les Testouris avec un patrimoine mal connu et mal exploité sur le plan touristique et culturel. Et cet immeuble qui a été édifié à l’entrée de la ville, cassant complètement la perspective sur le minaret de la Grande mosquée et dont l’arrêt de démolition tarde à être appliqué?
La Grande mosquée pourtant classée et protégée par le Code du patrimoine tunisien (ce document préconise que l’Institut national du patrimoine a un droit de regard sur les bâtiments entourant tout monument classé dans un rayon de 200m). Les derniers maçons maîtrisant la manière de retourner les tuiles pour les aérer, de restaurer les mosquées, de mélanger la chaux, de monter les toitures en pente, de travailler la terre battue sont aujourd’hui très âgés. Un jour ou l’autre, ils partiront. Et tout se perdra...
Il n’est point impossible de ressusciter les techniques de fabrication de la tuile ancienne et de recourir à une semi-mécanisation de ce matériau. Les documents existent sur ses ingrédients et ses recettes. La mémoire des savoir-faire, elle aussi, survit. Il s’agit aujourd’hui de la recueillir urgemment.
Hichem Méhdi, architecte et commissaire du symposium «Mémoires andalouses » attire l’attention sur le plan de la sauvegarde de Testour qui a été réalisé par des architectes du patrimoine lors d’une formation spécialisée à l’Institut national du patrimoine, il y a une quinzaine d’années (le Cours de Tunis). Ce travail, actualisé et affiné pourrait servir de base pour la protection de la ville.
Pour l’architecte et urbaniste Inchirah Hababou Allagui, les outils juridiques ne suffisent pas. Dans toute stratégie de réhabilitation, il faut aussi réfléchir à un montage financier spécifique et à long terme. Et si le projet Hafsia a pu aboutir, c’est grâce, affirme-t-elle, à des lignes de crédit institutionnalisés.
Sauver toujours n’est pas impossible...
La Presse | Publié le 04.07.2009
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