--------------- - - -

Sep 3, 2009

Grande Mosquée de Testour

Nom : Grande Mosquée de Testour
Lieu : Testour, Tunisie
Date/période de construction : XVIIe siècle à une date antérieure à 1631. Agrandissement au XVIIIe siècle : ajout d’une cour secondaire et d’une salle à ablutions côté nord-est.
Matériaux de construction : Pierre calcaire ; brique cuite ; chapiteaux de remploi
Décor architectural : Revêtements de céramique ; stuc
Destinataire/mandataire : Mohamed Tagharinû, émigré d’origine andalouse installé à Testour en l’an 1018 H / 1609 J.-C.
La mosquée est au coeur de la ville, à l’intersection des grandes artères.
Elle offre une synthèse inédite entre les traditions locales ifrîqiyennes et les techniques décoratives et architecturales hispano-mauresques. Le caractère sobre de l'édifice indique une influence de l’art mudéjar.
Hormis le débordement créé par la salle d’ablution et la cour secondaire ajoutées lors des travaux d’agrandissement au XVIIIe siècle, l’édifice se déploie sur un plan rectangulaire. La salle de prière, plus large que profonde, accessible par six entrées, est organisée en sept travées et neuf nefs perpendiculaires au mur de qibla, délimitées par des arcs en plein cintre outrepassés reposant sur des colonnes à chapiteaux antiques de remploi. La salle est couverte en voûtes d’arêtes. À l’extérieur la couverture, constituée de toitures en pente, est probablement inspirée de l’architecture andalouse(1). Ce principe apparaît dans de nombreux monuments marocains[2] et est également répandu en Algérie(3).
La nef médiane, correspondant à l’axe du mihrâb, est valorisée par deux coupoles sur pendentifs (comme dans l’art ottoman) aux trompes en coquille, l’une à l’avant du mihrâb, la seconde au centre de cette allée.
Le plan de la salle de prière, avec deux coupoles dans l’axe du mihrâb, s'inspire de l’architecture ifrîqiyenne aghlabide(4). Toutefois, à la différence des mosquées andalouses et ifrîqiyennes,la disposition en T, caractérisée par l’élargissement de la travée du mur qibli et de la nef médiane, n’a pas été adoptée.
Le mihrâb est intégré dans une pièce rectangulaire formant un décrochement dans la façade. Il est composé d’une niche creusée de hautes et fines cannelures surmontée d’une demi-coupole encadrée d’un arc brisé outrepassé posé sur des colonnettes d’angle. Cet arc est décoré de motifs sculptés de bandes verticales et de petits rondeaux alternés, souvenir des décors antiques d’oves et de perles. Au dessus de l’arc prend place un fronton triangulaire, richement décoré, rappelant l’Antiquité, dont la Tunisie conserve de nombreux vestiges, mais également les mihrâb ottomans(5).
Cette salle est précédée au nord ouest d’une cour pavée de dalles de calcaires antiques encadrée par quatre portiques couverts de toitures en pente. Un mihrâb est creusé dans le mur de la salle de prière, signalant la qibla aux fidèles priant dans la cour(6). Au milieu de la cour se trouve un cadran solaire en marbre signé Ahmed al-Harrâr et daté de 1761.
L’angle nord-est de la cour est occupé par le minaret, composé de deux tours superposées. Celle du bas est de plan carré et construite selon le procédé tolédan en matériaux mixtes (chaînage en briques et remplissage en moellons) tandis que le haut, de plan octogonal, couronné d’un lanternon à toiture pyramidale en bois, est percé de baies géminées, et richement décoré de revêtements de céramique et d’un cadran d’horloge. L'allure du minaret est proche des clochers aragonais et de ceux du sud de l'Espagne(7).
Une seconde cour à galerie hypostyle unique couverte en toitures à un pan et une salle d’ablution déforment la régularité du plan de la mosquée côté nord-est.
Le répertoire décoratif s’inspire de l’art andalou. Le décor géométrique, le plus répandu, se présente sous diverses formes (losanges, hexagones, cercles, étoiles et rectangles). Quant aux éléments floraux, généralement stylisés, ils prennent la forme de fleurs lancéolées, de rosaces, de feuilles à ordonnance rayonnante autour d’un motif central, de feuilles de palmier et de branches de figuier. À ces éléments s’ajoutent des marques de maçon. Tous ces motifs décorent les coupoles, la niche inférieure du mihrâb ainsi que des panneaux de stuc.
BIBLIOGRAPHIE DU MONUMENT
Saadaoui, A., Testour du XVIIe au XIXe siècle histoire architecturale d’une ville morisque de Tunisie, Tunis, 1996, Faculté des Lettres de la Manouba.
BIBLIOGRAHIE DE REFERENCE
Le Maroc andalou, A la découverte d'un art de vivre, Amman, Aix en Provence, 2000, Edisud.
Korbendau, Y., L'architecture sacrée de l'islam, France, 1997, ACR édition, p. 190 sq.
NOTE
[1] Grande Mosquée de Cordoue (786-988) ; palais de l’Alhambra à Grenade, XIIIe-XIVe s.
[2] Mosquée al-Qarawiyyîn ( Fès, IXe-Xe s.) ; madrasa Bû 'Inania (Fès, 1351-1356), Mosquée Kutubiyya (Marrakech, XIIe s.).
[3] Grande Mosquée (Tlemcen, 1136).
[4] Grande Mosquée de Kairouan (IXe s.), Grande Mosquée de Sousse (IXe s.).
(5) Mihrâb de la Suleymaniye, Istanbul, 1548-1559.

(6) On retrouve cette particularité à la Grande Mosquée de Sfax (Tunisie, IXe-Xe siècle) et dans de nombreuses mosquées de par le monde islamique.

(7) Eglise Sante Marie Majeure à Ronda, couronnée au XVIe siècle.

Source: Qantara

فكرة عن الجامع الكبير بتستور باللغة العربية

0 commentaires :

Post a Comment

Copyright © Los Moriscos De Túnez الموريسكيون في تونس | Powered by Blogger

Design by Anders Noren | Blogger Theme by NewBloggerThemes.com