La Zaouia de Sidi Kacem Jélizi construite au XVème siècle est située au faubourg sud de la médina de Tunis près de la place du Leader autrefois Rehbet El-Ghnam. Elle constitue un édifice remarquable dans ses dimensions architecturale, décorative et ornementale.
Au moment où il fut fondé, la Tunisie avait déjà connu depuis l’époque romaine, la succession de plusieurs styles et un grand raffinement dans l’ornementation. Elle allait connaître, par la suite, une fusion harmonieuse entre la tradition locale et l’apport oriental de l’art arabo-musulman puis l’apport hispano-maghrébin.
La Zaouia au toit pyramidal couvert de tuiles vertes surmontant de riches panneaux de carreaux décoratifs annonce d’emblée son essence andalouse.
Elle abrite, en effet, la tombe de Sidi Kacem Jélizi, un mystique andalou d’origine marocaine qui s’est réfugié à Tunis après la chute de Grenade. Ce saint homme doit son surnom Jélizi à son grand talent de céramiste qui lui a valu d’être un familier de la cour hafside.
Le mausolée avait aussi servi de lieu d’accueil, pendant une longue période, des réfugiés morisques expulsés d’Espagne.
A ce propos, il convient de nous arrêter un peu sur cet épisode de notre histoire qui a, d’ailleurs, fait l’objet, cette année, d’un important colloque international organisé par l’ordre des architectes de Tunisie du 20 au 27 juin à la cité des Sciences dans le cadre de la commémoration du 400ème anniversaire de l’expulsion massive des Morisques de l’Espagne en 1609. La Tunisie a été une terre d’accueil du plus grand nombre d’entre eux (80.000) en comparaison avec l’Algérie (40.000) et le Maroc (30.000).
Othman Dey alors au pouvoir, leur a accordé beaucoup de privilèges. Il leur a facilité l’installation, les a exemptés des impôts perçus pour les étrangers pendant trois ans et a intégré les plus brillants dans son administration. Il était disposé à leur donner une aide véritablement constructive et leur a permis de choisir leurs lieux d’établissement et leur procurant des moyens nécessaires et leur fournissant la blé et les grains pour ensemencer la terre. Othman Dey Cherchait à repeupler le pays que les guerres et la peste avaient dévasté. En effet, l’arrivée massive des Andalous augmenta la population urbaine et rurale du Nord Tunisien. Les Morisques ont repeuplé des régions désertées et abandonnées. Ces régions connurent un grand essor économique et social. On sait qu’ils avaient préféré les environs de la capitale comme Jedeïda, Tébourba, Grich El Oued, Medjez El Bab, Testour, Soliman, Grombalia, Bizerte, Ras Jebel, Raf Raf et Béja.
Au Sud de la capitale, ils construisirent la ville de Zaghouan sur les vestiges romains. Les villes fondées par les morisques avaient un cachet espagnol, avec des demeures aux tuiles rouges; les vergers étaient tracés et cultivés selon le modèle espagnol.
Ainsi, les Morisques ont fortement influencé la terre d’accueil en apportant leur richesse culturelle et leur savoir-faire.
Pour revenir à la Zaouia de Sidi Kacem Jélizi, il est à souligner que ce lieu mythique où flotte encore l’esprit du créateur inspiré a été plusieurs fois restauré et agrandi aux XVIIème et XVIIIème siècles et enfin au cours de la décennie 1980 par œuvre conjointe des Etats tunisien et espagnol.
Ce lieu s’est avéré fort propice pour héberger ensemble la mémoire et le devenir de la céramique tunisienne. C’est pour cette raison qu’il abrite aujourd’hui un musée de la céramique présentant une riche collection de Jeliz sortis des fours de Qallaline et de Nabeul.
La Zaouia de Sidi Kacem Jélizi abrite également le Centre National de la Céramique inauguré en automne 1992 et dont la principale mission est l’étude des préoccupations actuelles de la céramique d’art et la réactualisation des techniques traditionnelles en vue de les intégrer dans le monde technologique moderne.
Source:Le Renouveau
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