Les signataires, en fin de texte, en notre nom et au terme d´une profonde réflexion individuelle ont décidé de promouvoir la candidature du Prix Prince des Asturies de la Concorde 2010 pour les descendants de moriscos-andalusíes, coïncidant avec le 400ième anniversaire de son dernier exil de la péninsule ibérique. Ce geste symbolique est nécessaire pour la complète restauration de la mémoire collective espagnole; en reconnaissance de la manière exemplaire avec laquelle ils ont conserve vivante et consciemment leur identité culturelle vers les lieux de destination et depuis la confrérie, la justice et les conditions d’égalité raisonnables concédées depuis 20 ans aux communautés séfardies.
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I
Nous appelons maurisques-andalous, les espagnols qui furent rejetés de la péninsule ibérique ainsi que de leur l’identité espagnole, pour le seul fait d’être ou de paraître musulmans ou descendants de ceux qui furent ou parurent musulmans. Nous acceptons le terme “mauresque” malgré son caractère discriminatoire et péjoratif; incluant bien sûr les musulmans andalous et mudéjares. Cependant les membres de ce groupe hétérogène banni refusèrent d’être qualifiés de cette façon, ils préférèrent être appelés “andalous” et aujourd’hui encore ils sont ainsi dénommés dans les lieux où ils se sontinstallés. Comme preuve de concorde nous avons décidé de concilier chacun des termes avec ceux qui se connaissent à la même réalité vue depuis l’autre rive.
Bien qu’il y ait eu des persécutions et des exils antérieurs, le processus officiel d’assimilation et d’exil des mauresques-andalous a commencé à partir de l’unification territoriale et religieuse menée à bien dans la péninsule ibérique entre les XVième et XVIième siècle. L´image du Empire espagnol en Europe et colonial en Amérique, ainsi que l´influence croissante du catholicisme comme religion d’Etat, rendaient chaque fois plus problematique socialement et politiquement la présence « de l’autre » dans les Royaumes péninsulaires de cette nouvelle Espagne. Bien que juifs, musulmans ou gitans se sentaient aussi espagnols que ceux qui décidèrent que seuls méritaient de l’être ceux qui pouvraient prouver clairement leur ascendance veterochrétienne et claire. Sur ces groupes l’histoire officielle dresse une construction anthropologique de bannissement sans précédent. A cet effet on chassa d’abord les sefardim. Ensuite la persécution fut initiée contre le peuple gitan. Et enfin les mudéjars ou les hispano-musulmans furent expropriés et obligés de se faire baptiser. De ce fait il a été créé artificiellement la une catégorie humaine à ce jour inexistante, convertie par décret en minorité ethnique sans l’être, et composée de ces musulmans ou fils de musulmans, assimilés ou non, à ceux que nous appellerons et d’une manière générique et avec mépris «moriscos». La persécution injuste que souffrirent ces espagnols atteint son zénith, non sa fin, avec leur exil à partir de 1609.
Ceux qui réussirent à survivre à la dure épreuve de l’exil se dispersèrent aux quatre points cardinaux, de Tanger à Istambul, touchant même l’Amérique et l’Afrique Sud-saharienne. Mais la plupart des survivants s’installèrent sur la côte maghrébine spécialement du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie actuels. L’adaptation n’a pas toujours été facile principalement á cause des différences de langue, de coutumes et même de religion des hispano-andalous avec la population autochtone. En fait un grand nombre de ces mauresques étaient des convertis qui conservaient de manière imparfaite le modus vivendi islamique, plusieurs autres étaient des chrétiens parfaitement convertis. De toute façon, ces exilés continuèrent á s’appeler “andalous” afin de maintenir vivante la mémoire de leur appartenence sentimentale hispanique. Et ils l’ont fait jusqu’à aujourd’hui, avec leurs noms et leur culture plus intime et raffiné malgré la difficulte de conserver cette différence dans les communautés qui parlent en majorité la même langue et prient le même Dieu et qui furent à l´origine de leur banissement. Pour toutes ces raisons, nous préférons les appeler moriscos-andalusíes, au-delà de la rigueur académique dans un exercice sincère de justice spirituelle et historique.
II
La remise du Prix Prince des Asturies de la Concorde 2010 aux descendants de moriscos-andalusíes ne constitue pas un exercice marginal d’archéologie, mais de reconnaissance et visualisation d’une identité culturelle vive, propre et diverse, qui est la nôtre. Ici et là. Nombreux furent les mauresques qui ne partirent pas, beaucoup d’eux revinrent et portant les traces dérivées de leur résistance culturelle qui se sont incrustées pour toujours dans l’âme espagnole. Traces que l’on peut sans grand effort suivre de nos jours: un urbanisme singulier, une typologie constructive, une tradition reconnue de culture fruitière et maraîchère, la gastronomie, la langue le folklore et la musique, les jours de fêtes, l’artisanat, le paysage et son aménagement… Et par dessus tout, l’âme. Les civilisations survivent aux personnes et la morisco-andalusí, transmetteur et dépositaire de savoir, s’est maintenue vivante dans la péninsule ibérique grâce à l’attitude de ceux qui ont opté pour rester afin de surmonter le traumatisme de l’exil. A ces espagnols condamnés à vivre comme des taupes, il ne leur resta d’autre option que de cacher leur condition mauresque ou de simuler de manière exagérée leur antisémitisme et leur phobie islamique comme élément de survie. Et ils le firent en permanente convivence et symbiose civilisatrice en leur for interieur. Ainsi naquit une nouvelle culture, la nôtre de manière authentique,dont nous ne connaissons pas l’origine pour avoir systématiquement nié son existence. Accepter cette réalité cachée équivaut à nous conformer à nous même et à compléter définitivement la mosaïque interculturelle de l’âme espagnole, brisée par l’intolérance face à toute dissidence sur la plus simple diversité, avec une de ses tesselles les plus importantes et invisibles: la morisco-andalusí.
Là où ils décidérent de rester après l’exil les descendants des moriscos-andalusíes sont et représentent un paradigme interculturel, pacifique et respectueux, absolument nécessaire en ces temps d’homogénéisation globale. Un modèle de résistance créative, là où ils sont partis et ici où ils sont restés. Un exemple vivant et possible d’appartenance à deux cultures en un même espace et dans le même temps. Un témoignage réel des conséquences qui entraine la négation du pluralisme et de la diversité culturelle. Les moriscos-andalusíes sont l’occident en orient parce qu´ils furent l’orient en occident. Les moriscos-andalusíes c´est nous parce que c’est ce que nous avons été. C’est la démonstration la plus authentique et véritable du défi migratoire et interculturel de la contemporanéité : on peut être de n’importe où sans pour autant renoncer à être soi-même.
L’Humanité affronte un défi d´une grande valeur et d’un sens profond : l’établissement d’un modèle civilisateur qui garantisse l’exercice de la citoyenneté non pas comme refuge de privilèges mais comme reconnaissance effective de droits égalitaires pour tous et chacun de ses intégrants; qui dépasse le monopole dans la gestion des flux migratoires; qui convaincu agisse par la diversité culturelle, comme âme et arme des peuples. Qui soit capable d’entrevoir et de concevoir une société juste qui s’éloigne définitivement du risque permanent de tomber dans la barbarie contre la différence. Cette reconnaissance de la mémoire vivante des communautés et des descendants des moriscos-andalusíes rend plus réelle la valeur de la diversité en même temps qu’elle restitue la dignité de ceux tombés dans l’oubli.
III
Enfin, nous proposons cette candidature à la Concorde pour la concorde. Les communautés sefardim partagent le fond et la forme de cette demande. Nous souhaitons que chrétiens, autres croyants et non croyants pensent et ressentent la même chose. C’est pourquoi, au nom de la fraternité, nous serrons la Main de Fatima et la Main de Miriam dans une étreinte symbolique qui recompose et actualise notre passé pour le futur. Nous terminons en reprenant pour les descendants moriscos-andalusíes, les mêmes arguments qu’a présentés le Jury pour accorder le Prix Prince des Asturies de la Concorde 1990 aux communautés sefardim: “Depuis des siècles d’éloignement, ce Prix veut contribuer au processus de concorde déjà engagé, qui invite ces communautés à retrouver leurs origines, en ouvrant pour toujours les portes de leur ancien pays”.
Córdoba, 2010
Attention
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Source: moriscos-andalusíes, Prix Prince des Asturies de la Concorde 2010
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